Château de Champien (emplacement)

Histoire

La seigneurie de Champien appartenait à la famille d’Estourmel au début du XVIIe siècle.

Marthe d’Estourmel l’apporte à Gilles d’Hautefort, comte de Montignac, qu’elle épouse en 1650. Celui-ci exerce une carrière militaire, qu’il termine comme lieutenant général des armées du Roi Louis XIV. Avec son épouse, il fait construire à Champien un château, vaste édifice en brique et pierre, composé d’un long corps de logis cantonné par deux pavillons. Ce château se trouvait sur le côté nord de l’église actuelle. Il était précédé d’une avenue qui longeait le village sur tout son côté nord.

Gilles d’Hautefort décède en 1693 et son épouse en 1701.

Ils ont pour successeur à Champien leur fils Louis Charles d’Hautefort (1656-1721), également lieutenant-général des Armées du Roi, époux en 1686 d’Anne-Louise de Crevant d’Humières, fille de Louis de Crevant, duc d’Humières, maréchal de France.

Champien échoit à leur fils Emmanuel Dieudonné d’Hautefort (1700-1777), maréchal des camps et armées du Roi Louis XV, que celui-ci choisit pour le représenter de 1749 à 1751 auprès de la cour d’Autriche.

Emmanuel Dieudonné d’Hautefort, marquis de Hautefort, épouse en 1727 Reine Madeleine Marguerite de Durfort-Duras, décédée en 1737 à Champien, puis en 1738, Françoise Claire d’Harcourt, morte à Vienne en 1751, fille de François duc d’Harcourt, pair et maréchal de France.

Emmanuel Dieudonné d’Hautefort fait agrandir le château de Champien en y ajoutant deux ailes en retour et, sur son côté sud, de vastes communs, toujours construits en brique et pierre.

Leur successeur à Champien, leur fils Abraham Frédéric d’Hautefort, maréchal des camps et armées du roi, épouse à Champien en 1773 sa cousine Marie Bertrande d’Hautefort. Pendant la Révolution, tous deux sont guillotinés à Paris en 1794.

Le château de Champien est habité après eux par leur fils Amédée d’Hautefort, jusqu’à sa mort en 1809, puis par leur autre fils, Alphonse d’Hautefort, décédé à Champien en 1877 sans s’être marié.

Le domaine est alors démantelé, le château vendu, puis laissé à l’abandon et en grande partie détruit en 1908. Seuls subsistaient alors le pavillon sud, l’aile en retour sud et le grand commun.

Les deux premiers furent détruits par les combats de la première guerre mondiale, pendant laquelle la quasi-totalité du village fut également dévastée.

Les murs des communs, incendiés, restèrent debout et furent restaurés après la guerre. Situés à côté de l’église, ils sont aujourd’hui le seul témoin de l’ancien domaine de Champien, avec quelques restes du mur de clôture du parc.

Fin mai 1940, sur la ligne défensive, appelée « ligne Weygand », la 29e division d’infanterie (France) alpine se voit confier la charge de tenir la rive sud de la Somme, de Cizancourt à Caniay. Le poste de commandant de son commandant, le général Gerodias, est alors installé dans le village de Champien, où se déploie le 34e GRDI, une unité issue du 10e régiment de dragons. Le 5 juin, le sous-lieutenant Francis Vincent et ses hommes défendirent héroïquement Champien. L’action du peloton aura permis le retrait du 34e GRDI.